Jeudi 25 mai - J+5


Premier rêve : checked Second rêve, imbriqué dans le premier : traitement en cours


Auteur, écrivain, c'est avoir un cœur à vif, une brûlure permanente avivée par le vent des émotions et des passions, c'est être à l'écoute du mistral glaçant, du blizzard cinglant ou du Meltem déferlant sur les Cyclades, c'est subir des bourrasques imprévisibles et incontrôlables.
Auteur c'est absorber la plus infime particule d'émotion et la restituer aux hommes, agencée par une grammaire bienséante.
Aujourd'hui, paradoxe, je me sens apaisé car j'ai dépassé ma peur. Est-ce juste le calme avant la tempête, l'oeil du cyclone ? Pourtant ils ont tenté de m'avoir, de me pousser à la faute.
Serait-ce une sidération incapacitante ?
Là où je devrais hurler, je ne suis que mutique et figé et je me sens comme un ange désincarné regardant le monde à mes pieds, survolant ses souffrances, ses doutes, ses joies, ses folies extrêmes. J'accepte l'inacceptable sans pleurer ni crier.
Aujourd'hui, je vis mon Hiroshima comme un spectateur silencieux et docile, l'explosion est invisible, souterraine à mon corps.
De tradition l'écrivain a un chat ou une plante pour faire écho à son silence. Un jour, une enfant du temps m'a offert un végétal aux arêtes acérées. Alors je contemple la plante grasse et verte de santé devant mes yeux. Elle semble immobile car elle et moi n'avons pas la même échelle de temps. Des racines jusqu'aux épines, elle joue le flegme alors que sa chair grasse et succulente est en pleine adolescence fougueuse. À moins que tout simplement elle n'ait oublié son essence profonde.
Je voudrais ma mémoire effacée pour que mes réminiscences ne soient....qu'un très vague et lointain souvenir.
Alors je vais partir, larguer les amarres qui frottent et grincent d'impatience et bourlinguer de houle et de nuit, à la poursuite de la lumière.
Cette nuit un chien aboie sans que la caravane ne passe et mon corps se dissout dans les abysses de mes songes. Je pars en lambeaux d'altrostatus, emporté par les courants d'altitude.
Où suis-je ? Au-delà du réel ? Qui dirige cette prison appelée « rêve » ? C'est insupportable, appelez-moi le directeur !
Mais au fait, quelle heure est-il ? Allez, pincez ma peau chimérico-sensible que je sorte de ce cauchemar répétitif et me remette à écrire.

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