Contresens sidéral et sidérant



Je roulais bon an mal an, de dos de poule en nid d'âne, à moins que ce ne fût l'inverse, lorsqu'une femme me refusa la priorité. Usant d'un impératif désobligeant au présent du vindicatif, elle m'annonça que j'étais le dernier sur la liste et que j'attendrai. Je rongeai mon frein sur la bande d'arrêt d'arrogance et nous nous battîmes alors à l'âme blanche sous un croissant de lune pur leurre. Ce fut la bande centrale, l'un des gangs les plus redoutés de l'Empire du milieu, qui nous départagea.
Sur ces entre-faits arriva la peau lisse exposée trop longtemps au soleil de l'été indien. Menotté par un légionnaire hydropique, j'avouai tout ce qu'il voulait entendre.
Je jouai carte sur table avec le sanguinaire mercenaire et il m'imposa une conduite à trèfle, celle à carreau étant indisponible. J'acceptai, signai une décharge municipale et je pus ainsi repartir sur mon carrosse de bric et de broc.
Plus loin, je croisai le ramassage solaire et, bien que le chauffeur me semblât dans la lune, il fit un créneau cosmique des plus réussis et les poussières d'étoiles montèrent à bord en scintillant de joie.
Nous arrivâmes Pluton que prévu dans la banlieue d'Uranus et, aspiré à une vitesse vertigineuse par la surface de la grosse gazeuse, je mesurai la gravité de la situation. Je pris neuf G et plus de cent ans en quelques secondes, merci Albert, et me luxai l'épaule nord à l'atterrissage.
Pourquoi fallait-il que tout aille de Caraïbe en syllabe ? Parce que le pouvoir n'aimait pas les danseurs alertes qui ébranlaient d'un pied gracile le socle de leur inextinguible soif d'emprise sur le peuple ? Toujours est-il que je me retrouvai devant le palais pestilentiel d'où sortit la famille régnante. La grosse Berta, qu'on disait canon, marquait le pas de ses talons adipeux. Le prince consort, quand le temps le permet, fermait la marche, enveloppé dans sa gabardine en cuir de gnou.
Je tournai la tête pour rester invisible et le convoi royal trépassa très vite. Allez, c'est ça, bon vent ! Me dis-je. Et la tempête se leva nous faisant tournoyer comme des derviches avinés et frénétiques.
Un habitant qui nous observait ouvrit sa porte et se mit en quatre pour nous accueillir bien qu'il fût déjà plié de rire. Étourdis par la rotation de l'ouragan nous avions quelques difficultés à tenir droits dans l'appartement gazeux dans lequel il était clairement interdit de fumer. Ayant l'allitération facile je me mouvai vers un mur mou à mémoire moléculaire formant un monticule mordoré lui-même surmonté d'une moisson de mimolettes au mimosa, maturées en moyenne montagne par des moines moldaves.
La nuit tomba brutalement, sans topinambour ni tempête, dans un fracas assourdissant, semblable à celui d'un rideau de fer brutalement descendu à la porte de Brandebourg, nous prenant au dépourvu. Quand c'est pas le jour c'est pas le jour criai-je en dégoulinant d'obscurité!
Révolution, révolution ! Crièrent les satellites en orbite
Instinctivement, je recherchai les personnes à morbidité réduite et sautai avec eux dans un trou noir...
L'autoroute dessinait un pli vers le soleil levant et je pris cette direction..
N.B : dans un souci d'intimité préservée, je n'ai pas, à dessein, utilisé l'écriture intrusive

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