Délirium très mince
Pendant
les fragrances de Pâques, elle m'avait emmené loin d'ici, au-delà
des océans dans la mer des sarcasmes. Nous avions loué une toiture
éclectique, et ainsi protégés des intempestives, nous en avons
profité pour faire le tour de l'île qu'elle aimait. Ce glaçon de
lune posé dans la baie des songes avait toujours nourri notre
envie.
Nous
n'étions pas loin du triangle des bermudas et j'avais un peu peur de
disparaître dans le vortex vestimentaire, sachant celui-ci assez
couturier du fait.
Nous roulions et, du pneu que je savais de mes
lectures de Descartes au cent millième, la faim était proche et il
était urgent de trouver de quoi nous restaurer et flatter nos
papilles dilatées. Nous avons tout d'abord pris un ail au lit mais
lassés de cet apéritif sexuel, nous sommes passés aux plats de
résistance . J'ai pris une mangouste grillée et elle un
turbo compressé le tout accompagné d'un mouton cadet, le frère
aîné étant sur la lecture des raisins de la colère.
Après le
repas sage et un petit café collé-serré, nous avons décidé de
marcher sur le chemin littéral pour penser nos mots.
La mariée
haute, suivie de son voile d'écume montait sur la grève illimitée,
imprimant sur le sable humide la trace de ses illusions perdues. Son
voile de tulle, hissé en étendard au faible vent du large faseyait
d'ennui.
Alors qu'assis sur la dune nous contemplions les vagues à
l'âme étaler leur salinité exacerbée, le soir tomba avec grande
brutalité, démonstration de force naturelle sous le portique du
Capricorne. Plongés dans le noir il ne nous restait plus, munis de
vers luisants, qu'à retrouver notre autel pour y expier, dans une
prière angulaire les pêchers du jour en fleurs.
Prostrés dans
le lit asséché de notre suite pariétale, nous avons plongé corps
contre corps, dans l'espoir d'un soleil réparateur.
Nulle
part – le 18 juin 2022
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