La faute à Newton
Nos habitudes forment un trou noir dont
la force d'attraction est telle qu'il est très difficile d'y
échapper. A l'instar de ces astres ultra compacts, elles absorbent
la lumière qui est en nous, nous maintenant dans un troublant
clair-obscur, sous des frondaisons de pénitence.
On voudrait
rejoindre les exoplanètes qui peuplent d'autres univers, découvrir
des mondes en dehors de notre environnement confiné, rencontrer des
êtres nouveaux parlant des langues soyeuses comme la surface d'une pêche,
toucher des étoffes colorées, goûter des épices, respirer des
peaux rares ...
Mais il y a cette force qui nous pousse à
tourner en orbite autour de notre microcosme et même si nous
l'abhorrons, nous sommes - liés par un pacte conclu à notre insu -
condamnés à ces révolutions inlassablement répétées. Il arrive
même que nous nous maintenions en orbite géostationnaire,
observateurs immobiles de notre propre ennui.
Seule une puissance
extraordinaire peut nous permettre d'échapper à cette gravité
particulière.
Cette force existe, elle s'appelle l'audace, le
courage, la hardiesse, la résilience, l'envie de vie,
l'imagination.
Un jour, un matin, sans que l'on sache pourquoi, le
vol d'un papillon, une musique à faire monter les larmes, un sourire
d'enfant, une vague à l'écume mousseuse mourant en crépitant sur
le sable chaud, déclenche cette force et nous brisons alors les
chaînes.
Délestés du poids des contraintes, de la bienséance,
du quotidien, nous partons pour un voyage sans tabous, sans préjugés.
Nous quittons le monde ordonné, les
actions récurrentes, le bus de huit-heure-zéro-sept, les gestes
automatiques, les bonjours-machin, les merci-de-rien insincères.
La
fenêtre ouverte sur des espaces insoupçonnés, nous respirons
l'infini. Une odeur de terre perlée de rosée, de cheveux traversés
de brume, de sueur apatride, de quais de gare brûlés par le soleil,
de tempête tropicale, d'haleine au khât remâché, de chemins de
poussière, de corps abandonnés en sexe, de rizières frémissant
sous brise légère, de grande marée d'équinoxe.
La terre nous appartient alors.
Fragiles, nous commençons à l'explorer, comme des double croches
parcourraient une portée en sol. Légers, un sourire aux lèvres,
nous dérivons au hasard des courants d'harmonie.
salut pascal; je viens de découvrir qui tu es réellement Philippe Larsen!! quelle belle surprise de te voir ainsi t'exposer, toi qui redoutait tant la position du seul en scéne
RépondreSupprimerbravo.je suis heureux pour toi et pour ceux qui te lisent car ton hypersensibilté que je reconnaissais en toi et que tu traduis en mot nous permet à nous lecteurs de mieux vivre